Insécurité à Nantes : réponse grâce à des chiffres récents
- Publié le30 septembre 2022
Des policiers en patrouille dans le centre de Nantes, le 28 septembre 2022. LP/Sébastien Salom-Gomis
Insécurité à Nantes : réponse grâce à des chiffres récents
Nantes a la mauvaise réputation d’être de plus en plus dangereuse. Grace à des statistiques récentes, on voit que ce n’est pas aussi simple.
Ces derniers jours, plusieurs articles pointant du doigt l’insécurité grandissante à Nantes sont parus dans la presse – de droite. Pour preuve, ces médias brandissent un certain classement mondial des villes les moins sûres.
Malheureusement pour eux, ce classement est caduque. Peut-être que, avides de données s’imprégnant dans leur ligne éditoriale, ils n’ont pas vu leurs biais ? Mince alors…
N'importe qui peut noter une ville
Le fameux classement est réalisé par le site internet serbe Numbeo. Tout visiteur de ce dernier peut donner son ressenti quant à sa peur de se faire voler sa voiture ou de se faire cambrioler. On demande même l’avis de l’internaute concernant le niveau de corruption et de trafic de drogue.
Cnews, Le Figaro ou encore l’institut pour la justice (IPJ) ont notamment partagé ce classement faux. Ces trois médias sont tous trois classés à droite.
En réaction face à ces informations fausses, il est arrivé que certains appuient l’argument inverse : il y aurait, selon eux, moins d’insécurité à Nantes qu’avant.
D’abord, quel est cet « avant » ? A quelle époque compare-t-on la situation nantaise ? Il y a 10 ans ? 25 ans ? 100 ans ? On ne sait pas. Mais surtout : comment peut-on affirmer une hausse ou une baisse de l’insécurité ? Par l’expérience ? Par les chiffres ? Par le journal télévisé ?
Insécurité et défis
D’abord, il faut bien différencier l’insécurité de la criminalité.
L’insécurité est un sentiment qui se nourrit de la criminalité réelle (par les chiffres, encore que ceux-ci sont compliqués à cerner) et surtout de la représentation qu’on s’en fait, que ce soit par les médias ou par notre expérience personnelle. Ainsi, le sentiment d’insécurité peut reposer sur du vent (le fameux « fantasme » qu’a tenté d’expliquer Eric Dupont Moretti).
Autre problème : certains chiffres varient, non pas par le fait d’une augmentation réelle des crimes et délits, mais par une augmentation des plaintes.
Ainsi, en France, on observe une hausse considérable des tentatives d’homicides depuis 2010. On peut s’en demander la cause : est-ce une réelle augmentation ? Ou une augmentation des plaintes représentant le fait que de plus en plus de femmes victimes de violences conjugales portent plainte ?
Néanmoins, la statistique reste l’outil qui est le moins biaisé.
Fournies par la préfecture de Loire-Atlantique, celles que je vais utiliser ne couvrent malheureusement que 5 années (2017-2021) dont 2 sous restrictions Covid. Avantage : les données sont encore moins biaisées du fait du peu de changements méthodologiques dans le recueil de données et leur classification.
On observe une nette diminution globale (-18%) des vols, sauf concernant les deux roues, peut-être à cause de la multiplication des vélos (hyppothèse)
Ici, on y remarque une hausse générale de 17%. Les violences sexuelles (en majorité sur des femmes) accusent notamment une hausse de 70% depuis 2017.
Conclusion
Depuis 2017, Nantes accueille plus d’atteintes aux personnes, mais moins aux biens. Néanmoins la criminalité ne varie pas seulement en chiffres (et ceux que j’ai sélectionné ne sont pas les seuls), elle se modifie aussi structurellement et géographiquement. Ainsi, aujourd’hui, à raison ou pas, l’on parle plutôt de violence liée au trafic de drogue et engageant davantage d’armes à feu. De plus, certains quartiers sont étiquetés comme nouvellement dangereux, comme typiquement la place du Commerce.