Des catholiques font annuler un concert de pop alternative dans une église

« Ma musique est faite pour les églises et mon instrument principal est l’orgue ». – Anna Von Hausswolff.

Des catholiques font annuler un concert de pop alternative dans une église

Un concert sataniste empêché dans une église à Nantes ? Explications

Mardi 7 décembre, une centaine de catholiques ont fait barrage au public qui était venu assister à un concert dans l’église Notre-Dame-de-Bon-Port, située à Nantes. Suite à cette protestation, le concert d’Anna von Hausswolff s’est vu être annulé.

Ces catholiques ont constitué une barrière humaine et ont notamment chanté « Sainte-Marie mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs », en même temps d’être hué par le public ainsi bloqué

Anna von Hausswolff est une chanteuse, pianiste, organiste (joueuse d’orgue) et auteure-compositrice suédoise de 35 ans. Avant de venir à Nantes, elle s’était déjà produite dans plus de 40 églises ou cathédrales. Le journal Libération la décrit comme « adoubée par les fans de pop suédoise et les amateurs de metal ».

La première question que l’on doit se poser est : une église peut-elle accueillir un concert ?

Certains catholiques vont expliquer que les œuvres non-religieuses sont trop éloignées de la parole de Dieu. D’autres vont nous dire que les concerts sont un témoignage d’hospitalité, de générosité. Mais dans le cas précis du concert de l’organiste suédoise, l’évènement avait été autorisé par le diocèse de Nantes, et ce n’est pas vraiment le fait de faire un concert qui a été dérangeant, mais plutôt le pseudo satanisme de l’artiste.

Une messe noire

Le journal Riposte Catholique juge en effet la musique de la suédoise tenant « plus de la messe noire que de la musique religieuse » . Pour preuves, ils désignent ses titres, pochettes, et clips. En outre, ils sont plutôt lugubres, mêlant film d’horreur et liturgie. Mais il n’est pas rare de voir des œuvres bien plus horrifiantes dans les églises :

Ici, une représentation de l'enfer par Giovanni da Modena, en 1410, située dans l'église San Petronio de Bologne.

Les opposants catholiques pointent aussi du doigt ces paroles : « I made love with the devil », et qu’importe que ce soit une métaphore sur l’addiction aux drogues (le titre de la chanson s’appelle Pills). Cette accusation de satanisme repose donc uniquement sur des arguments en carton ? Oui, absolument.

Trois albums de l'artiste. De gauche à droite : All Thougts Fly (2020) Dead Magic (2018) et The Miraculous (2015)

Suite à cette annulation nantaise, Anna von Hausswolff se confia au journal Libération : « Je respecte leurs traditions et toutes les cérémonies qui s’y déroulent. Nous avons toujours travaillé en bonne entente, jamais l’un contre l’autre. Grâce à ma musique, tout un public vient à l’église alors qu’il n’y viendrait pas autrement, ce que les prêtres et les évêques reconnaissent volontiers. Dire que ma musique est blasphématoire est non seulement faux, mais blessant ».

A l’instar de Nantes, c’est maintenant l’église Saint-Eustache de Paris qui a déprogrammé un concert de la chanteuse.

Effet Barbara Streisand

Avant d’écrire cet article je ne connaissais pas du tout l’artiste. J’ai donc commencé par écouter ces chansons, et elles m’ont permis de profondément nuancer le sujet. Ses chansons – et notamment celles de son dernier album, le seul qui était prévu lors du concert – me semblent en effet en accord avec le milieu de l’église. Les mélodies, l’orgue, le fait que ce soit un album instrumental… tout colle. Ainsi, je vous conseille fortement de l’écouter que ce soit pour vous mettre dans l’ambiance dont il est question, ou simplement pour découvrir cette artiste qui vaut vraiment la « peine » d’être écoutée.

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